Patrimoine : église Saint-Martin

Eglise Saint-Martin de Moulins

Elle est caractérisée par son clocher penché…
Il y eut d’abord sur le coteau dominant de la Quincampoix une puissante église du XIIème siècle de type simple qui dépendait alors de l’abbaye Saint-Melaine : subsiste la nef, vraiment romane comme le montre au Nord la porte récemment dégagée des enduits. Les deux autres portes, à l’Ouest et au Sud,furent refaites au XVème et XVIème, mais gardent aussi, semble-t-il, des traces romanes. L’emplacement des fenêtres a été conservé : elles furent simplement élargies, une au XVème et quatre au XVIIIème. La sixième, bouchée, pourrait réapparaitre en haut de la nef au Sud. La charpente fut refaite au XVIIème, mais l’emplacement des tirants du XVème est encore repérable à l’extérieur. Le clocher actuel peut être du XVIIème. Son robuste poutrage d’appui, blanchi à la chaux, était encore apparent au début du siècle.


Au milieu du XVIème, le vieux choeur fut remplacé par un « chanceau » sur le modèle de celui de Chancé, avec carré de transept, fond de choeur peu profond et deux chapelles. Le tout était rythmé par trois magnifiques verrières. La date de la charpente est donnée par une inscription cachée derrière le rétable Sud : « A lhoneur de Dieu et de la vierge Marie je feu ellevée par messif […] paroissiens de Moullins en lan 1550 ».

La verrière de l’arbre de Jessé : verrière de la fin du XVIème (1575), elle mesure environ 5m x 2m30 et a été restaurée en 1992. Comme la plupart des verrières, celle-ci se lit de bas en haut, quoique son sujet soit unique. Son rythme est parfaitement ternaire, aussi bien verticalement qu’horizontalement.

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La sacristie fut commencée en 1640 (registres de baptêmes). Elle doubla la chapelle Sud, dont la porte fut maladroitement replacée à la jonction des deux pignons. La sacristie avait deux niveaux. Celui du haut, façonné comme une chapelle, fut transformé à la fin du XVIIIème en maison d’habitation avec cheminée.

En 1837 (date sur une fenêtre), le fond du choeur fut prolongé de 5 mètres à la suite d’un incendie d’une maison voisine qui calcina en partie la maîtresse-vitre. Ceci entraina une importante modification du décor, comme nous allons le voir…

Le fond du cœur :
François Marchand (XIXème)
Jusqu’au début du XIXème tout le côté oriental présentait un décor d’une rare opulence où alternaient sans discontinuer trois verrières du XVIème, datées de 1560, 1561 et 1575 (selon de rapport de 1861), quatre ouvrages de tuffeau et marbre du retablier lavallois Jean Langlois (de 1656 et 1659) et un tabernacle plus tardif, de tuffeau et marbre également. En 1837, lors du prolongement du chœur, on décida de supprimer la maitresse-vitre trop abimée par l’incendie. L’entrepreneur de Chateaugiron, François Marchand, se chargea de composer un retable « néo-lavallois » en s’appuyant sur les ouvrages d’encadrement de Langlois. Des guirlandes de fruits furent réemployées autour de la niche de Saint-Martin. Une peinture du Saint partageant son manteau surmonta le tabernacle. Un autel nouveau porta les armes du Pélican, emblème du nouvel évêque de Brossay-Saint-Marc (1841). L’effet est un peu lourd, mais finalement assez trompeur : l’ouvrage classé monument historique est attribué aux frères Langlois ! Il dût être admiré, car peu après, François Marchand reconstruisit, en plus monumental, le retable majeur de Bais. Ce sont chez nous les deux derniers exemples de grands retables classiques avant le raz-de-marée néo-gothique… qui allait recouvrir les maitresses vitres !

Jean Langlois (XVIIème)
Il faut saluer à Moulins l’ouvre de Jean Langlois, d’autant plus émouvante que c’est la fin de sa carrière. Les deux retables du fond, datés de 1656, sont décrits par un texte de 1691 aux ADIVet le rapport de 1861. Ils abritaient les niches de Saint-Louis et Saint-Martin et présentaient les armoiries des seigneurs de Monbouan. La comparaison avec le retable de Dompierre-du-Chemin permet de rectifier quelques transformations dues à la révolution ou à François Marchant.
Ils sont toutefois moins intéressants que les deux retables latéraux (de la Vierge et Saint-Sébastien) commandés dès 1656 et achevés au début de 1659, quelques semaines avant la mort de Jean Langlois. Il est probable que Michel, son frère, l’aida. Le dessin, ci-contre, du retable de la Vierge, montre la maitrise atteinte par ses deux frères. A l’origine se trouvaient quatre statues qui devaient être la famille de la Vierge (Marie, Anne, Joachim, Joseph). Seule la dernière a survécu. La forme convexe de ces deux retables pourrait inspirer un autel face au peuple (à créer).

Plusieurs statues méritent attention : 

  Les groupes de Jean-Baptiste avec l’agneau et de Joseph avec Jésus (cf dessin) sont des terres cuites contemporaines des retables de 1659. On appréciera au seuil de l’Avant la figure du Baptiste, le veilleur et « l’ami de l’Epoux » (voyez comme l’agneau se dresse sur le livre !)
La statue de saint Louis (terre cuite fin XVIIème ?) occupait une des niches du fond du chœur.
Citons encore une sainte Marguerite en bois (XVIIIème) si grande qu’il a fallu agrandir sa niche, un saint Pierre en terre cuite du début du XIXème et Saint Martin en archevêque. Cette statue en plâtre dur fait partie d’une série que l’on retrouve à Bais et à Domalain.

Mentionnons pour finir :
Le chemin de croix peint sur tôle, à fond doré comme des icones,
Les vitraux modernes, typiques de l’atelier Rault vers 1910
Le décor peint du début du XXème
Le mobilier Louis XVI de la vieille sacristie,
Et quantité de bannières